Afrique sensorielle

Non je ne connais pas l'Afrique

Aigrie est ma couleur de peau...

Matthieu Chedid

Retrouver la piste

Pour retourner en Afrique en fermant les yeux, suffisent l'odeur des fruits trop mûrs sous les manguiers et celle qui persiste au fond des calebasses servant de récipients; puis reviennent les percussions rythmées des pilons dans un mortier et celles des manoeuvres dansant autour d'une bétonnière; ou encore les cris étranges qui fusent brusquement dans la profondeur humide d'une forêt gigantesque...Ouvrant les yeux cependant, resurgissent d'abord les couleurs de la savane sous un ciel  si souvent gris, comme plombé ...

Villages de brousse

A rouler très vite sur la piste pour dépasser les vibrations de la tôle ondulée, le goût de la poussière vient à la bouche et sa couleur se dépose sur la peau. C'est aussi la couleur des villages de brousse, sous leurs coiffes de chaume faites de la végétation environnante. Quand le disque solaire est englouti brusquement par la savane, les sourdes vibrations des tambours prennent le dessus sur celles du coeur, dont un battement supplémentaire devient incertain dans l'obscurité ...alors tout s'efface et disparaît outrenoir.

Tisserands artisans de la vie en couleurs

Quand renaît la lumière, la vie reprend dans les mains des tisserands qui sont les premiers à s'émanciper des couleurs minérales et végétales, et même des évocations animalières. Par la patience des femmes la ouate des plantations de coton se transforme en un fil interminable qui portera bientôt des couleurs les plus vives. A travers la chaîne maintenue à son extrémité par une grosse pierre, la navette invente des motifs géométriques. Trame à largeur humaine pour des bandes d'une longueur de plusieurs mètres, qui seront cousues ensemble dans des habits de cérémonie ou des tentures d'envergure majestueuse.

Couleurs des marchés

C'est sur les marchés, minuscules ou immenses comme celui de Bouaké, que les couleurs explosent en mille choses venant de très loin, invasion de produits du commerce et l'industrie qui deviennent vite indispensables; vaisselle en métal, seaux en plastique, multitude de tissus imprimés légers qui rivalisent sur les robes traditionnelles et sur les pagnes servant à maintenir les bébés sur le dos des Mamans... ou des petites filles déjà bien obligées. Mais encore, en cherchant bien, des perles anciennes de Venise, ces millefiori venues par les caravanes, ainsi que l'ambre dont on fait les bijoux qu'elles agrémentent.


Ces photos dont les teintes ont un peu passé ont été prises en Côte d'Ivoire (principalement à Bouaké) il y a bien longtemps avec un Nikkormat. Les diapos argentiques originales ont été scannées, et j'ai résisté à l'envie de "photoshopper" les sur-ex, cette surexposition ravivant mes souvenirs de l'intensité de la lumière pendant la saison sèche.


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