Des troupeaux écolo

Pasteur de la montagne, si loin de moi avec tes brebis

quel est ce bonheur que tu as l'air d'avoir

le tien ou bien le mien?

Alberto Caeiro

Dans les pays de montagne, élevage et pastoralisme occupent depuis toujours les terres trop escarpées pour être cultivées. Malgré la concurrence des fermes industrielles installées n'importe-où, ils résistent et font encore vivre des hameaux isolés en altitude, là où d'autres activités ont dépéri. La moyenne montagne offre de superbes paysages qui sans les éleveurs seraient gagnés par les broussailles et progressivement reboisés; plus haut les estives accueillent les troupeaux transhumant depuis la plaine ou les vallées proches. Les bâtiments d'élevage traditionnels et les abreuvoirs, burons et cazelles dispersés en altitude s'intègrent par leurs matériaux de construction à ce patrimoine naturel.

L'éleveur vit au rythme du jour et des saisons, et par tous les temps il se rend disponible de l'aube à la nuit pour veiller sur le troupeau dont il connait chaque animal en particulier. Il sait terrain par coeur, les chemins et les passages difficiles, et guide le troupeau en connivence avec un chien de berger qui travaille à merveille pour rassembler les bêtes dispersées. Le savoir faire de l'éleveur est aussi dans les produits de caractère issus de races traditionnelles locales, comme les fromages savoureux qui portent la signature des terroirs de montagne. Quelle heureuse surprise de croiser un troupeau traversant la route ou venant à notre rencontre sur un chemin...Alors qu'en marchant sur les versants on entend parfois longtemps  les sonnailles sans voir qui tient  compagnie à la montagne...

Les medias dénoncent régulièrement le rôle de l'élevage dans la production de gaz à effet de serre, et font entendre que son impact serait encore plus important que celui des transports... Il serait juste de communiquer avec plus de discernement, et de cibler les fermes industrielles où les animaux excessivement nombreux sont  traités de façon déplorable. L'élevage de montagne ne représente qu'une part infime du cheptel, et dans une relation humaine avec les bêtes il joue depuis des millénaires un rôle écologique au bénéfice de tous. A cet égard le soutien public en zone de montagne ne devrait jamais être une simple rente à l'hectare, mais une véritable prise en considération des services que l'agriculteur-éleveur rend aujourd'hui sans retour, tout en vivant isolé et éloigné avec sa famille des facilités offertes en milieu urbain.

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